La Maison de Santé de la Communauté de Communes du Haut Doubs est située à Oye et Pallet, («eau» & «marécages»), porte d’entrée du lac de malbuisson. La commune se développe sur le versant Nord d’une combe, typique du paysage et de la géographie du massif du jura. Le tissus bâti est composées d’anciennes fermes en coeur de village et de maisons individuelles en périphérie. La position à flanc de combe offre de belles vues vers le paysage. La parcelle du projet n’y fait pas exception. Elle se situe juste au dessus de l’école, de la mairie et de l’église au clocher de tuiles vernissées bleues et jaunes sur fond de forêts bleutées à l’horizon. Délimité et souligné en partie par un mur de pierres, le terrain se situe entre le coeur de village public et la dernière lanière bâtie de maisons individuelles ou touristiques privées avant la forêt. La maison de Santé se place alors à l’articulation. Elle fait face au paysage et au cœur de commune public côté Sud, affirmant ainsi son statut d’équipement public représentatif. Derrière un filtre végétal, les espaces intimes de consultation s’ouvrent au Nord vers la forêt et les quelques habitations. Le volume de pierres, de bois et couvert de zinc, s’inspire de l’architecture rurale locale. Il se développe sur deux niveaux (+combles) suivant l’axe Est/Ouest de la combe, se protégeant ainsi des vents dominants et des intempéries grâce au creux de la façade principale et à l’abri d’un grand débord de toit.
La Maison de Santé ainsi positionnée s’intègre au tissu bâti de la commune. Elle permet de maintenir plus d’un tiers de la surface de la parcelle en espace planté et paysager au nord. Au sud, le stationnement est ouvert et tourné vers le cœur public de la commune. Les cheminements piétons existants le long de la rue des écoles sont prolongés jusqu’au parvis à l’ouest de la parcelle. A l’est, un nouvel accès piéton permet de relier la maison de santé et son parking par l’église et le cimetière, ou directement depuis la rue du coin dessus pour les riverains. Le principe d’implantation du bâti et des espaces publics en résultant nous permettent d’anticiper l’aménagement éventuel d’un futur équipement du type habitat sénior (ou autre) d’environ 800 m2 sur deux niveaux + combles et aligné à la maison de santé. Au Nord pourrait se trouver un jardin ou parc d’agrément intime et au Sud le parvis avec son parking mutualisé dans le prolongement direct de celui de la maison de santé. Comme déjà évoqué, cette distinction d’usage Nord/Sud selon l’axe Est/ouest, se retrouve dans la répartition du programme de la maison de santé. Coté parvis, parking, cimetière, église et village, nous disposons les locaux communs: l’accueil, les salles d’attente, la circulation verticale, les sanitaires. Au rez-de-chaussée, les locaux techniques sont directement accessibles depuis le parvis et le parking, alors qu’à l’étage, la salle de pause, la salle de réunion et la salle d’attente bénéficient de plus de confidentialité malgré la très belle vue vers le paysage. Les espaces plus intimes de consultation et le studio (accessible directement depuis le parking) se retrouvent au Nord, bénéficiant de l’intimité d’un filtre végétal et d’une lumière naturelle homogène et contrôlée sans surchauffe estivale.
L’architecture de la maison de Santé s’inscrit dans la logique bioclimatique de notre époque et tend à dépasser les exigences de la réglementation RE2020. Cherchant à atteindre un niveau de performance proche du passif, elle est constituée d’une enveloppe isolée en bois clair d’épicéa local qui transparait à l’intérieur des locaux pour envelopper patients et praticiens dans un cocon chaleureux et lumineux. Le socle béton et le noyau de circulation verticale apportent l’inertie nécessaire pour maintenir une température homogène tout en créant du contraste à l’intérieur des locaux. Limiter l’emploi du béton au stricte minimum au profit du bois local permet d’atteindre un très bon bilan carbone. Le bois permet aussi d’intégrer des dispositifs acoustiques, des luminaires et du mobilier traitant l’intimité des consultations et le confort de travail par des sous- espaces dans une sobriété architecturale qui laisse patients et praticiens s’approprier les lieux. L’accueil et la salle d’attente des médecins sont au centre du projet, débouchant directement sur la circulation structurante Est/Ouest et sur l’escalier dont les ouvertures vers l’extérieur et le paysage sont propices à la ventilation naturelle et nocturne des locaux. Au rez-de chaussée, des allèges permettent de travailler l’intimité et le rapport au sol, étant donné la légère inscription du bâtiment dans le terrain naturel. On retrouve ces allèges côté nord à l’étage. Les vues côté sud sont imprenables, et l’important débord de toiture garantit les apports solaires passifs en hiver, tout en protégeant les grandes baies vitrées des surchauffes en été. Enfin, la position sur la parcelle, la flexibilité du système constructif et l’axe de circulation central débouchant permettent d’envisager l’extension de +30% demandée au programme.
La compacité du bâti permet de minimiser les fondations et de limiter l’emploi du béton au socle ainsi qu’au noyau de circulation verticale. Le béton participe alors au contreventement de la structure bois qu’il supporte et met hors d’eau, tout en apportant à l’ensemble sa capacité d’inertie, principal défaut des constructions bois. La solution Radier sur isolant de type misapor est fortement pressentie de part sa capacité d’inertie plus forte que celle d’un dallage (22cm d’épaisseur au lieu de 13cm) et sa position au sein de l’enveloppe isolée et chauffée. En périphérie du radier, des murets béton isolés de type prémur ou coulés en place transmettent les charges d’une ossature bois de 16cm d’épaisseur isolée en laine de bois. A l’extérieur, un panneaux de fibre de bois de 6cm de type pavatex supprime les ponts thermiques tout en apportant une meilleure résitance thermique. Il supporte un double lattage ventilé destiné à recevoir le bardage mélèze brut de sciage. A l’intérieur, un panneau de type osb assure le contreventement, puis un complément d’isolation en laine de bois de 4cm entre ossature bois permet de passer les réseaux électriques, d’améliorer la résitance thermique du complexe mural et d’intégrer des correcteurs acoustiques de type getzner aux jonctions mur/planchers. Les habillages sont ensuite en panneaux et/ou planches de bois d’épicéa huilé et traités M1. Ils peuvent être perforés et/ ou ajourés pour l’absorption et l’anti réverbération acoustique, notamment dans la salle de réunion.
Les murs pignons de 40cm d’épaisseur font l’objet d’un traitement spécifique. Ils sont constitués de moellons ou pierre de taille (selon disponibilité locale) avec mortiers de chaux. Ils permettent un ralentissement du transfert thermique et de l’hygrométrie avec un long déphasage dans le temps et protègent des surchauffes grâces à une lame d’air ventilée coté intérieur. 15 cm de laine de bois viennent ensuite garantir la continuité de l’enveloppe isolée, et l’habillage intérieur reste en bois.
Ensuite, des planchers bois portent de la façade sud à la façade nord, avec deux trames constructives jouant le rôle de refends en ossature bois de part et d’autre d’une circulation centrale. Les portées sont de 6m au nord, 4,5m au sud et 1,5 au niveau de la circulation. Porter de façade à façade permet de libérer les cloisons de tous les espaces: médicaux, paramédicaux, kiné, attente, réunion etc. pour permettre la plus grande flexibilité de réaménagement possible des locaux dans le temps. Seul le noyau béton abritant l’escalier et l’ascenseur reste immuable.
Le plancher intermédiaire entre le rez-de-chaussée et l’étage est en bois massif de type CLT apparent et huilé en sous-face, de 14 à 18cm d’épaisseur. Lorsqu’un faux-plafond acoustique s’avère nécessaire comme pour les salles de consultation, d’attente, ou de réunion, le CLT est masqué par des tasseaux d’épicéa ajourés d’épaisseur 4cm sur feutre noir et laine de bois de 4cm. Un feutre acoustique de type phaltex de chez steico est posé sur les panneaux CLT avant de recevoir des lambourdes et une laine de bois. Le tout formant un plancher technique sur 10 à 14cm d’épaisseur. Un parquet massif complète le complexe et garantie la non transmission des bruits d’impacts de l’étage vers le niveau inférieur (phénomène masse/ressort/masse). Le plancher entre l’étage et les combles suit le même principe, car les combles accessibles abritent la CTA. Cependant, le parquet est remplacé par des panneaux osb et l’isolation en laine de bois est bien plus importante (28cm). Les cloisons sont elles aussi en ossature bois, habillées en bois de part et d’autre (panneaux et/ou planches) et isolées en laine de bois. Lorsque les locaux nécessitent un degré de résistance au feu spécifique comme le TGBT ou le local VDI, ils sont habillés de fermacel. Dans les sanitaires, les quelques parois destinées à être faïencées seront préalablement habilllées de fermacel. Le complexe de toiture repose sur une charpente traditionnelle. Elle se compose d’une première épaisseur en panneau de fibre de bois rigide de type pavatex avec pare-pluie intégré, puis d’une lame d’air ventilée et d’un voligeage support de la couverture zinc, intégrants barres à neige et gouttière nantaise (chéneaux hors enveloppe bâtiment).