En 2017, le Syndicat Mixte du Mont d’Or débute ses réflexions autour de la transition climatique de sa station située à un peu plus de 1000 mètres d’altitude pour anticiper les changements à venir. Très rapidement, il apparait que la viabilité économique du ski alpin sera sérieusement remise en question. Il décide donc de développer une offre sportive et touristique 4 saisons, en diversifiant ses pistes de VTT, de trail, de randonnée, en améliorant l’Espace Sensible du Mont d’Or et en créant une piste de Luge 4 saisons sur rails jouant aussi le rôle de vitrine d’une station en transition, en lieu et place de l’ancien équipement de luge vétuste.
Le programme se divise en deux parties, intégrées dans la pente et semi-enterrées : le circuit de luge d’une part, et sa gare de départ et d’arrivée d’autre part.
Archidium a travaillé sur la gare, composée de trois parties. La première partie abrite l’accueil, avec son hall d’entrée, le guichet, les sanitaires et le kiosque photographique. La deuxième partie couvre le « garage » des luges avec les quais d’embarquement, de débarquement et le local du personnel. Enfin, la dernière partie consiste en un « tunnel » qui permet de sortir du bâtiment et de filer vers la montagne…
La station de Métabief possède une limite bâtie relativement claire en pied des pistes avec comme souvent une belle perspective en contre-plongée sur la montagne. Seuls un restaurant et quelques infrastructures type gare de télésiège dérogent à cette limite. La gare de luge s’articule alors entre les masses bâties existantes, tirant une ligne entre montagne et village, et proposant un socle au restaurant existant un peu plus haut. Un travail minutieux a été opéré sur les fondations, niveaux et perspectives du paysages pour s’insérer au mieux entre les différents éléments.
Par ailleurs, l’enneigement rendant le site inaccessible en hiver a été une contrainte forte tout au long du projet : le chantier s’est interrompu de novembre à avril pour ne pas perturber la pratique des sports d’hiver, des cheminements et une passerelle provisoire ont été conçus pour maintenir la liaison restaurant – télésiège. Enfin, l’ouvrage a été conçu spécifiquement dans sa forme et structure pour s’adapter au passage d’engins comme les dameuses et pour son exposition aux fortes intempéries.
Afin d’éviter un front imposant lié au gabarit technique contraint de la halle des luges (5 mètres sous plafond, 25 mètres de long), le bâtiment s’intègre dans la pente par un jeu de volumes en terrasse qui laissent entrer la lumière dans la profondeur. Le volume bas, de la hauteur d’un étage courant, rompt l’échelle imposante que nécessite un tel programme. Ses façades latérales se plient vers l’intérieur pour inviter à entrer dans le bâtiment. Il abrite des sanitaires chauffés et isolés de part et d’autre d’un hall tempéré et d’un guichet qui servent d’espace tampon au Nord.
Le second volume, plus haut, recouvre la gare d’embarquement et de débarquement des luges. En retrait et semi-enterré, il ne dépasse du terrain naturel que de quelques mètres. La gare n’est pas chauffée, mais pour éviter l’humidité l’hiver et la surchauffe d’été, la gare est ventilée naturellement grâce à l’entrée d’air des accès des luges et des haut-jours. Sa toiture jardin est accessible, offrant un point de vue en terrasse sur la station et la commune, et constituant un espace VIP singulier pour les spectateurs du festival de musique annuel de « la Paille ».
Le troisième et dernier volume est une rampe creusée dans le terrain qui lie la halle intérieure au circuit de luge grand air. Elle ménage une belle perspective vers la montagne et soutient les sols des constructions voisines.
Vu les caractéristiques d’une construction semi-enterrée, la gare est composée d’une structure béton apparente (voiles/poteaux/poutres) teintée noir/anthracite et est réalisée avec un coffrage en planches horizontales qui évoque la stratification et la teinte de la roche du Mont d’Or. Cependant, l’emploi du tavaillon d’épicéa en écailles permet d’accueillir le visiteur avec une matérialité plus chaleureuse au niveau du parvis. À travers l’emploi de ce matériau c’est aussi un savoir-faire constructif local qui est mis en valeur.
Le bois est ensuite utilisé à l’intérieur de l’édifice de manière raisonnée et dialogue avec le béton brut plus sombre. Il est présent pour les menuiseries extérieures (en mélèze) et intérieures (en pin et épicéa local), pour les cloisons et les portes. Enfin, il sert de dispositif de correction acoustique et d’isolant.
Photographe : Nicolas Waltefaugle